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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 19:13

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Je vais être parfaitement franc. Y'aurait pas eu Matt Smith au casting, je suis pas sûr que j'aurais regardé ce film. Après, je dis ça parce que je suis actuellement en plein milieu de Doctor Who et que Matt Smith est trop bien. Mais bref. Eva Green est géniale, dans son rôle de femme tiraillée entre aimer un fils ou un amant.

Comment critiquer ce film... Ce film est un extra-terrestre, non pas de ceux qui voyagent dans une boîte bleue, mais un OVNI cinématographique. On assiste à un mélange des genres, d'un côté le drame, avec la mort de Thomas et de l'autre, on est jamais loin de la science-fiction, avec le clonage qui permet de faire vivre les personnes indéfiniment. Ou ressusciter des animaux morts depuis des millénaires (du genre les limules, oui, voilà). Bref, le clonage semble un peu être utilisé à tour de bras (et on assiste à un rejet sociétal, comme à chaque avancée scientifique ou sociale, en fait).

Ce film amène le clonage dans des recoins plus sombres qu'un simple clonage d'enfant décédé. En l'occurrence, c'est le clonage d'un petit ami shooté par une bagnole. Rebecca, qui était la petite amie de Thomas veut le cloner pour le refaire vivre. Cependant, et cela arrive très vite dans l'histoire, Rebecca a un choix à faire : celui d'aimer un amant, ou d'aimer un fils.

Ce film est déconcertant, déjà par son thème (ça fait un peu pléonasme, je sais), mais encore plus par la façon dont il est réalisé. Il n'y a pas de plan spatial a proprement parler, étant donné qu'on pourrait être dans n'importe quel pays dans la partie Nord de la planète ayant un bord de mer, ni de plan temporel. Quelques durées, jetées au spectateur, pour qu'il ne se perde pas trop ("12 years". "We were 9 when we met for the first time"). On peut supposer que Rebecca et Thomas ont 21 ans quand ils se rencontrent pour la seconde fois (avant que Thomas ne meurt). La photographie est magnifique, dans les tons de gris. Jamais de clarté, comme le ton du film, toujours lourd et pesant. Comme le poids du secret.

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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 10:43

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Le nouveau projet de Bertrand Cantat avait fait du bruit. Beaucoup de bruit. Trop, de mon point de vue. Pourquoi ne pas laisser le musicien refaire sa vie si on ne veut pas que l'Homme continue à vivre ? Même lui a fait une tentative de suicide, c'est vous dire que vous n'êtes pas les seuls à penser qu'il a fait quelque chose d'horrible. J'aime Bertrand Cantat. J'aime l'émotion qui passe à travers sa voix, à travers ses mots. J'aime la carrière de Noir Désir, surtout vers la fin. Quand le sentiment d'humanité a pris le pas sur le sentiment de révolte. Des Visages, Des Figures était le parfait exemple d'accomplissement pour le groupe. Une symbiose texte-voix-musique. Cette symbiose qu'on avait retrouvé, le temps d'un morceau, en 2010, avec Gagnants-Perdants. Avant la séparation complète du groupe. 

Je ne comprends pas les gens qui viennent cracher leur haine au visage de Bertrand. Qu'on ait de la rancoeur, je peux comprendre, lui aussi en a. Il ne se cache pas. La rancoeur est une chose. La haine en est une autre. Seule la coère de la famille Trintignant est justifiée. Vous, vous n'avez pas le droit de demander justice. Vous seriez les premiers à réclamer le droit de refaire votre vie si une telle tragédie vous arrivait. Alors arrêtez de cracher votre haine, laissez-le vivre.

Au niveau du contenu de l'album, on retrouve clairement la Muse de Noir Désir. Comme dans ce morceau, Le Creux de Ta Main, où le son des guitares est semblale au son de ce qui était utilisé dans Noir Désir. La ligne de basse du morceau est bétonnée au possible, tellement puissante qu'on se croirait revenu en 2001. Voire avant. Pascal Humbert a cela de magique, dans cet album, c'est qu'il arrive à puiser dans les racines de Noir Désir pour en retirer une inspiration qui colle (évidemment) à l'univers de Cantat. Cette inspiration que l'on retrouve aussi dans Null and Void. Cela dit, parler de ce qui est semblable à Noir Désir serait un peu facile. Trop, même. J'aimerais vous parler de ce qui est différent.

Comme je l'ai dit plus haut, on retrouve un Bertrand Cantat qui, cinq ans après sa sortie de prison, a réussi à refaire sa vie. Cependant, la prison est passé par là. Pour moi, on redécouvre un homme qui n'a plus peur de se montrer tel qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses (pour le coup, on a plus le droit aux faiblesses qu'aux forces). Les atmosphères sont plus puissantes, plus aériennes, comme dans Glimmer in Your Eyes. Une utilisation plus massive de l'anglais, aussi. Pour exprimer plus, je pense. Il existe plus de musicalité dans la langue anglaise pour exprimer ses sentiments. Cela dit, il se débrouille très bien en français pour cela aussi, comme dans Ange de Désolation, qui, dans l'ambiance, dans le texte, fait penser à du Saez. C'est certainement ça qui fait la force de Bertrand Cantat : sa capacité à passer, avec une aisance folle, du français à l'anglais, sans pour autant perdre une once de sa musicalité et des sentiments transportés. Pour la chanson badante de cet album, la plus triste (parce qu'elle est en français ET en acoustique, vous la trouvez ici)

Au final, un album peut-être trop conventionnel pour ce qu'on peut attendre de l'ex-leader de Noir Désir qui nous avait habitué à des morceaux passés mythiques. Je ne dis pas que cet album est mauvais, bien au contraire. Juste un poil conventionnel. En espérant que d'autres viennent pour voir si la tendance est la même.

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17 octobre 2013 4 17 /10 /octobre /2013 16:35

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Depuis la mort de Paul Gray en 2010, SlipKnot est sur le déclin. Une pente qui, certes, a perdu de son intensité depuis la reprise des concerts des Neuf, mais qui continue inexorablement. Dans certaines interviews, il est annoncé que le groupe se réunirait en 2014 en studio pour un last album, qui viendrait clôturer la vie d'un groupe mythique et controversé. C'est dans ces temps incertains que nous pouvons voir les side-projects se multiplier. Stone Sour, de Corey Taylor, a pris une autre dimension avec le double album House of Gold and Bones, Part I et Part II, puisque le groupe a eu le privilège de faire tête d'aff à l'Ozzfest 2013 (en Mai dernier, au Japon).

Tout ce petit monde du nu-metal est actuellement en effervescence (avec la sortie récente de The Paradigm Shift, de KoRn, qui voit le retour de Brian Head Welch, qui avait quitté le navire en 2003, suite à la sortie de Take a Look in the Mirror), l'a été encore plus en début du mois (oui, j'ai pris un chouilla de retard pour cette chronique) avec la sortie de cette bombe qu'est Scar the Martyr, side-project de Joey Jordison, batteur de SlipKnot et guitariste des Murderdolls.

Scar the Martyr, c'est quoi ? Pour faire simple, c'est la combinaison de tout ce qui se fait au niveau du nu-metal, ce qui va, grosso modo (et selon moi, toujours selon moi), de SlipKnot (évidemment), à Coheed and Cambria, pour le chant, sur Cruel Ocean, avec une sorte d'indécision permanente (pas du tout regrettable), entre un chant limite auto-tuned et une grosse rythmique appuyée, des breaks de batterie calés (le contraire m'aurait surpris et affreusement déçu) par dessus laquelle on s'attend à entendre Corey débarquer en growlant. Cette tendance déboule directement sur le morceau suivant, Blood Host, sorti en single et qui a eu le droit à son clip. La parenté de SlipKnot, n'est, sur ce morceau, vraiment plus à remettre en doute, tant au niveau des guitares (Joey Jordison, mesdames et messieurs) que de la batterie. Mais le chant est, littéraement, Tayloresque. Des murmures schizophrènes à la voix claire et gentille, en passant par un growl stupéfiant. Henry Derek, vous êtes un génie. Certainement LE morceau de cet album, même si le reste est tout aussi fascinant. Dans Anatomy of an Erinyes, on retrouve une structure, et un son, proche de ce qu'à pu fournir Gojira dans L'Enfant Sauvage, notamment avec les percussions à la fin du morceau

Fascinant dans sa complexité, fascinant dans sa structure. Joey Jordison est un génie. Il a enregistré les guitares rythmiques et les basses pour cet album, en plus de la batterie. Le travail est dantesque, puisqu'aucun morceau ne fait moins de quatre minutes (en dehors de l'intro et de Sign of the Omeneye, mais c'est une interlude, donc bon). Quatorze morceaux, oui, j'ai bien dit quatorze sur l'édition normale, quinze pour l'édition japonaise. Déjà, quel groupe se casserait le cul à faire quatorze morceaux pour une édition normale ? Quand on sait qu'on tape à dix-huit pour l'édition bonus, et qu'on arrive même, attention, accrochez-vous bien à vingt-deux pour l'édition B-sides, je veux dire, quel groupe aujourd'hui peut se permettre de réunir autant de matériel audio pour un seul album ? La plupart des groupes seront dans une logique de marchandisation et feront deux albums de onze pistes. Surtout que la quantité ne l'emporte pas sur la qualité. Même les claviers de Chris Vrenna rajoutent une atmosphère aux morceaux, comme sur Prayer for Prey

Le gros gros point de cet album est donc, et c'est pour cela qu'il était attendu avec tant d'impatience, sa batterie. Comment passer à côté de ce side-project du batteur le plus en vue, avec une technique de monstre et un sens de la musicalité aussi impressionant. Les guitares rythmiques sont parfaites, tant au niveau du son que de la mise en place avec la batterie. C'est là, aussi, à mon humble avis, le gros point fort de cet album : la mise en place est juste stupéfiante. Contrairement aux groupes de metalcore qui s'arrangent pour faire tomber leur rythmique sur la grosse caisse, là, les guitares tombent sur l'ensemble, toms et cymbales compris. Totalement stupéfiant.

Je vous laisse avec White Nights in a Day Room, morceau plus calme, clairement orienté nu-metal, avec des inspirations à la Deftones, notamment au niveau des voix, des textures sonores, qui monte en puissance au fur et à mesure, avec cette montée de toms. Une voix claire qui se rapproche, encore, de celle de Corey. On aura vraiment du mal à décrocher de SlipKnot avec ce genre de pépite.

J'ai vraiment du mal à trouver des points négatifs sur cet album. Pour moi, il est parfait. 10/10. 

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 10:09



Noir Désir est mort, vive Noir Désir. L'héritage du groupe aura été énorme. Un groupe qui aura fait beaucoup pour la scène rock française, lui redonnant ses lettres de noblesse depuis la fin de Téléphone en 1986. Cet héritage qui s'est soldé par un Des Visages, Des Figures, fort en émotion, en lourdeur mélancolique et en puissance vocale. 

C'est avec un morceau de la trempe de l'album de 2001 de Noir Désir que revient Cantat, de son enfer Lituanien. Beaucoup lui en veulent encore de revenir sur scène après le meurtre, accidentel, de Marie Trintignant, en 2003. Beaucoup lui en veulent parce qu'ils ne tolèrent qu'une personne médiatique puisse se permettre de continuer à faire ce qu'elle a toujours fait, même après un procès et une peine purgée.

Dans ce dernier single, Bertrand Cantat est seul avec sa guitare, accompagné de Pascal Humbert à la contrebasse, qui semble le pousser en position de faiblesse. Le temps a fait des dégâts sur l'ex-chanteur charismatique de Noir Désir (séparé en 2010, après des divergences internes), comme nous le fait comprendre ce ton mélancolique et cette lourdeur pesante des mots, qui ne sont plus innocents, comme nous le montre si bien cette barbe, qui aurait été impensable il y a 12 ans. L'histoire est toujours là, pas loin derrière, à vouloir en finir avec cet homme torturé. 

Droit dans le Soleil, c'est la bouée de sauvetage après le naufrage du paquebot. Droit dans le Soleil, est, à juste titre, un retour à la lumière, pour Cantat, après ses dix années passées à l'ombre, à se refaire, après la prison, après les ratés. Droit dans le Soleil est l'aveu de la faiblesse d'un homme, comme nous le fait comprendre la lourdeur de la contrebasse, un homme dépassé par ses actes, dépassé par sa notoriété, qui n'a pas su se dissocier. 

Il est impossible de ne pas penser au mythe d'Icare, en écoutant cette chanson. Il est impossible de ne pas voir la référence : à force de voler trop près du Soleil, on finit par se brûler les ailes. C'est ce qui est arrivé à Bertrand, "fauve au milieu de l'arène", la bête à abattre parce qu'elle a tué un gladiateur "innocent". Regarder droit dans le Soleil, c'est essayer de se cramer les yeux pour oublier, pour ne plus voir la misère que l'on a forgé à la force de son poing. Regarder droit dans le Soleil, c'est se cramer les yeux volontairement pour faire plaisir à ceux que l'on a profondément torturé, qu'ils aient leur petite vengeance. Regarder droit dans le Soleil, c'est affronter la vie, même si elle nous fait atrocement mal. "L'Enfer est myope autant que le Ciel, on t'avait dit que tout se paye" : pas de Salut, pas de condamnation explicite, Bertrand Cantat est obligé de vivre une sorte d'entre-deux compliqué, dualité qui le tiraille et le torture profondément.
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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 18:45

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J'aurai toujours un rictus quand j'entendrai les illuminés catholiques dire que le metal, c'est la musique du Diable, que c'est fait par Satan et que la disto pervertit les esprits. Ce concept me reste encore aujourd'hui étrange, alors que j'essaie de comprendre les mécanismes de la haine envers le metal. En dehors du black metal finlandais, j'entends. Parce que eux donnent raison aux cathos extrêmes et discréditent un peu le message principal du metal : on peut tous vivre dans une paix relative si l'on s'en donne la peine. Et si c'était ça, ce que la religion détestait, au fond, dans le metal ? Ce message d'espoir et ce message de paix ?

Et cependant, on voit fleurir, surtout aux États-Unis, des groupes de christiancore, qui, avec un metalcore ravageur, font passer des textes à fondement religieux. Mais attention, juste le fondement, la paix, l'amour de son prochain, le partage. Rien que le titre de cet album renvoie à cette idée "Sauve et Rétablis". Les fondements de la religion ! Aider son prochain pour qu'il se sente mieux. La base. Sans fioritures ni dénigrements.

Le génie d'August Burns Red tient en deux choses, principalement : leurs textes et le génie de composition. Et à partir de là, comment ne pas atteindre des sommets ? Leurs instrumentalisations sont aussi pure que leurs textes, les trouvailles se font par caisses, et c'est ça qui frappe. Tordre le cou au préjugé du "le metalleux, ça sait faire que gueuler, jouer fort et en disto maximale". Comme ils nous l'avaient montré dans leur précédent album, notamment avec Internal Cannon, avec sa partie flamencore et Jake qui joue de la cloche, Rescue and Restore nous prouve que la musicalité s'impose, petit à petit. Parce que les interludes musicales dans les morceaux se sont vite imposées comme marque de fabrique du groupe et ont pris plus d'importance dans ce dernier album, comme Treatment et son improbable, mais néanmoins magnifique, break de guitare acousitque, accompagné de violons et de contrebasses. Et Matt Greiner qui cartonne sa batterie avec une finesse, elle aussi, improbable. Improbable, aussi, l'idée de mettre le chant derrière les instruments dans ce morceau édifiant qu'est Creative Captivity, cette intro avec des sonorités chinoises est étrange, mais tout le reste se rajoute autour d'une manière naturelle. Ces petites sonorités étrangères à mes oreilles donnent un second souffle au morceau, comme cette fin avec une trompette qui me donne envie de me lever et de partir pour le Mexique. 


Les paroles, comme je l'ai dit, tiennent du génie, tant elles renvoient à des choses basiques et, au fond, tellement humaines, qu'on peut tous les ressentir, au moins une fois. Comme le break de Spirit Breaker. "My dearest love, I woke up tired today, even more so than yesterday. How that's possible, I don't even know, nor do I want to. It's hard to find the motivation when you are this drained. My body aches but I'm used to feeling this way. Seventeen down, seventeen to go. That's not so bad, right ? I think of home often, and of you even more. Yesterday I saw the sun shining. It appeared for a few minutes, just after two. For a moment I found myself smiling, as if those short rays of light were enough to get me by. Maybe that was enough. Thanks God. I needed that". Ou encore le magnifique "chorus" de Fault Line qui m'a collé des frissons lors de la première écoute "If I could do more, I promise you I would, but this is your time now". La seconde volée qui m'a laissé chaos, c'est tout le passage chanté sur ces guitares clean dans Beauty in Tragedy "Tomorrow, the air will be a little colder, but I'll be sure to breath for both of us. And the nights may be a little darker, but I'll be sure to carry the torch to warm the hearts. They're never gonna have to feel yours. I can hear your voice, I can't hear your voice. But that's okay, 'cause I can feel you in my heart". Toute l'émotion, dans la voix de Jake, qui s'engouffre en toi, il me semble impossible de résister quand il chante / parle (pour me défendre, j'ai très peu l'habitude de l'entendre chanter en voix claire, donc je ne sais pas comment ça rend).

Je note aussi l'apparition de choeurs typés hardcore, qui n'étaient pas là auparavant, comme dans Sincerity où, avec de simples "He will remain", on se prend un mur en pleine face. Ou encore celui, de Fault Line "Just don't call me your hero". Ou encore la dernière phrase de Echoes "The open road is what I need to breath freely. Free me". 



Un très très bon album, qui aurait cependant gagné en efficacité en ayant plus de choeurs hardcore et plus de passages où la violence diminue pour laisser place à des instrumentalisations plus calmes qui permettent de mieux apprécier chaque morceau où elles sont placées. Comme je l'ai dit, le génie d'August Burns Red tient en deux fondements, l'écriture qui renvoie à des sentiments simples et partagés, mais surtout, un sens de la composition hors du commun, un sens de la musique, aussi, qui leur permet de varier les influences de chaque morceau. En espérant que l'album de 2015 (oui, leurs albums sortent avec une régularité de deux années entre chaque) tiennent plus de cette pépite que des autres albums plus axés metal. Et évidemment géniaux. L'un des meilleurs albums de 2013, pour moi, qui offre une fraîcheur dans le monde du metal et place August Burns Red dans la cour des grands. Un (petit) 8/10, pour ma part.

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 18:05

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Serj Tankian est un fou, qui exécute toutes les idées qui lui passent par la tête. Sa carrière solo en est le reflet. Le premier album, Elect the Dead, était dans la continuité de ce qu'il avait fait avec SOAD, un album tourné vers le metal, avec une puissance et une frappe chirurgicale, qui ne laisse, encore aujourd'hui, pas indemne. Imperfect Harmonies prenait le vent contraire et partait vers un univers plus calme, plus tourné vers de l'électro, des sonorités qu'on n'aurait jamais pu imaginer sortir de la tête du chanteur de System. Était arrivé ensuite le magistral Harakiri, qui, sans revenir totalement à ce qu'avait été Elect the Dead, nous prouvait que Serj avait dilué sa musique électronique et si particulière d'Imperfect Harmonies. Serj est aussi un génie pour découvrir des artistes. C'est lui, par exemple, qui a fait singer sous son label Serjical Strike, le groupe Viza (qui, oui, se rapproche énormément de SOAD). ll prévoit de sortir un album de fusion-jazz pour le mois de Juillet, d'ailleurs.

Serj est donc un magicien, un génie fou, prêt à toutes les expériences tant qu'il peut apporter sa touche. Son dernier, et seul, méfait symphonique était de taille, avec la version symphonique d'Elect the Dead. Ici, il recrute l'orchestre de Vienne pour faire une symphonie en quatre actes sur la vie sous-marine, plus précisément des orques. Serj le dit lui-même, "l'orque est connu comme étant une baleine tueuse, cependant, il se rapproche plus d'un dauphin obscur, comme un symbole de la dichotomie humaine". En plus, donc, de faire un opéra sur les orques, Serj cherche à comprendre la dichotomie humaine. Il est vraiment partout.

Cet opéra en quatre actes, qui sont Victorius Orcinus, Oceanic Subterfuge, Delphinus Capensis et Lamentation of the Beached, nous plonge bel et bien dans la dichotomie. Et c'est d'ailleurs ce qui ressort de tout cet opéra. Des passages lumineux qui alternent avec des passages bien plus sombres, des passages joyeux qui ternissent pour laisser place à des moments de doute et d'angoisse. On retrouve bel et bien la séparation humaine, entre la joie et la tristesse, parfois tout est mêlé et on n'arrive pas très bien à faire la différence. Il y a aussi des moments de grandeurs, très courts, qui se caractérisent par des envolées de violon minimalistes mais très efficace. Le motif principal de Victorius Orcinus est sans doute le plus beau, celui qui s'infiltre dans ton être et s'échappe seulement quand tu es lessivé, vidé. Ce même motif qui revient souvent, mais de manière plus allégée dans le reste de cet album en quatre parties.

On retrouve aussi toute le génie de composition de Serj, notamment derrière le piano, où les envolées font écho à ce qu'il avait déjà créé dans sa carrière solo. Même si l'orchestre est important, c'est ce piano qui donne tout sa consistance et sa force à cette oeuvre. Ce piano qui aurait même tendance à envoyer l'orchestre au placard, par moments.

Cet opéra reflète aussi les aléas de la mer, on passe du calme à la tempête en un instant, on n'a évidemment pas le temps de s'y préparer, et c'est ça qui fait toute la force de cette pièce, on passe par toutes les émotions possibles sans y être préparé. Une leçon de vie, en somme.

Serj réussi donc un coup de maître, puisque, en partant d'un orque, en passant par les aléas des conditions météorlogiques de la mer, il arrive à définir musicalement l'Homme. Et là, on touche à quelque chose de plus grand que l'émotion par la musique. L'émotion devient musique. 

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 16:57

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Je n'avais jamais écouté les Deftones. Pour moi, c'était un groupe de nu-metal dans la même veine que Limp Bizkit ou KoRn. Quelque chose de difficilement écoutable, de mon point de vue. Parce que le nu-metal met en exergue un mélange de rap et de metal ce qui était faisable à une époque très précise, quand les deux genres étaient au sommet et avaient une grosse visibilité médiatique. J'étais tombé, à une époque, sur leur sublime reprise de Simple Man, qui m'avait laissé pantois. Et, par le plus grand des hasards, je suis tombé sur Koi No Yokan il y a une dizaine de jours.

Cette chronique sera relativement courte, l'album étant sorti en Novembre 2012, que je n'ai pas une grande connaissance de l'univers du groupe, et puisque vous l'avez, certainement pour la plupart déjà usé jusqu'à la corde. 

Il y a quand même une chose à noter, avant de commencer vraiment, c'est que, pour moi, chaque album des Deftones, malgré l'étiquette de nu-metal qu'on veut lui coller, ne se case pas dans un style particulier. Et pour cause, chaque musicien semble vouloir partir dans une direction particulière, et c'est certainement ce qui donne cette sonorité si particulière au groupe. Chino, sonne plus dans le rock alternatif (un peu comme Chester Bennington et Mike Shinoda), Stephen Carpenter essayant de mener le groupe dans un son plus metal. Deux polarités vraiment distinctives du son des Deftones, qui tirent le groupe dans une atmosphère qui n'avait jamais été matérialisée auparavant.

Cet album, est, avant tout, un exercice de style pour le groupe, je pense, qui doit durablement penser à son avenir sans Chi Cheng, tombé dans le coma suite à un accident en 2008. Le 13 Avril 2013, celui-ci décèdera. Il est aussi un exercice important pour Sergio Vega, qui enregistre son deuxième album, après Diamond Eyes, en 2010. L'apport de Vega, sur cet opus, est nettement plus important que sur l'album à la chouette, notamment sur Swerve City, ou le couplet prend quasiment tout son relief avec un simple son de basse. Le jeu de Franky Delgado se fait moins "platinisant", et plus axé sur les claviers et les arrangements électros, contrairement à ce qui a été fait sur les quelques morceaux des premiers albums que j'ai écouté. 

L'amplitude de voix de Chino Moreno est aussi un des points forts de cet album, autant mélancolique qu'enragé, il couvre toute une palette musicale qui s'éloigne fortement du nu-metal et qui nous permet, tout du moins à moi, de vraiment apprécier l'apport musical du groupe et des musiciens qui sont derrière, comme sur Poltergeist, ou, encore une fois, la basse de Vega est d'une force chirurgicale.

Je ne pouvais pas faire la chronique de cet album sans parler d'Entombed, ce magnifique morceau planant et limite orgasmique. Le tapping de Carpenter sur sa huit cordes est d'une efficacité sans pareille et fait de ce riff certainement le plus beau et le plus énigmatique de l'album. Le synthé vient se placer parfaitement au niveau de la basse et la complète presque. Une grosse caisse mise en exergue par une prod assez incroyable, un jeu de batterie tout en nuance, avec des hauteurs pondues au millimètre près. Du grand art. Presque aussi bon que Change, sur l'album White Pony. 

Un album magnifique, très loin du metal alternatif / nu-metal des premiers albums qui a, pour principale force, la présence de Sergio Vega qui compense le jeu de Chi Cheng, ce qui n'avait pas vraiment été prouvé sur Diamond Eyes. Ici, il prouve toute la puissance et toute l'amplitude de son jeu. Koi No Yokan avance une tracklist tantôt lumineuse et optimiste, tantôt sombre et mélancolique, qui colle parfaitement avec les gros tubes du groupe (ceux que je considère comme tels, évidemment). Koi No Yokan a aussi tourné la page de Chi Cheng, remplacé par un très efficace Sergio Vega qui ne se contente plus de suivre Carpenter et de faire des rythmiques basiques. Une grosse présence de la basse non-négligeable qui donne tous ses contours et ses reliefs à cet album.

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 13:13

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Une question me hantait depuis que j'avais découvert Black Sabbath : pourquoi Ozzy, si dément, si sombre et si angoissant dans Black Sabbath faisait des morceaux soupes dans ses albums solos, notamment sur Blizzard of Ozz, le seul que j'ai acheté (malheureusement pour moi). Parce qu'il faut quand même se dire une chose, c'est qu'Ozzy est une machine de guerre avec Black Sabbath, mais un piètre barde en carrière solo. Comment expliquer ça ? Même moi, je n'en sais rien. Et ce n'est pas ce dernier opus qui va m'apporter la réponse. On aurait pu avoir des ébauches de réponse, comme avec le morceau Who's Fooling Who sur l'album solo de Iommi avec Ozzy au chant. Même là, le mystère restait entier, Ozzy étant, comme au début des années 70, une véritable bête (sens propre et figuré).

Parce qu'encore une fois, Ozzy Osbourne est impressionant, notamment dans ses tonalités de voix, qu'il est capable de moduler. Le plus fou reste qu'il ait encore quasiment la voix de ses vingt ans, même à soixante-quatre. Même Gillan n'avait pas réussi à récupérer cette touche si particulière qu'il avait dans les années 70 sur le dernier opus des Deep Purple, Now What ?!. C'est dire l'ampleur de la palette artistique d'Ozzy, de sa capacité à faire ressortir ses tripes. Rien que le morceau God Is Dead ? est le signe révélateur de la bonne forme des précurseurs du metal. On y retrouve tout, absolument tout : de la tonalité angoissante de la guitare de Tony Iommi au jeu de basse si technique et profondément efficace de Geezer Butler. J'avais du mal à me dire qu'il était possible de faire un album du Black Sabbath originel sans le batteur originel, Bill Ward, mais, preuve est de constater qu'il n'était pas foncièrement LE batteur absolu (contrairement à Geezer, par exemple), puisque Brad Wilk, batteur de Rage Against The Machine fait très bien le boulot. Cette caractéristique est particulièrement frappante sur le magnifique morceau Zeitgeist qui reprend l'ambiance de Planet Caravan, ses percussions, sa grosse basse bien planante, la guitare acoustique en plus (sur Planet Caravan, c'est certainement une électrique en clean), malheuresement sans la voix d'Ozzy amplifiée par une cabine Leslie, qui donnait l'effet tripant à la chanson. Brad fait le job, et n'en déplaise à Bill, c'est parfaitement la preuve qu'il n'était pas une pièce maîtresse de Sabbath. Peut-être que le furieux des RATM s'est tellement imprégné du jeu de Wilk que ça ne pouvait pas sonner autrement. En tout cas, les parties de batterie sont surprenantes de justesse et d'esprit. Là aussi, on se croirait revenu en 1970.

Avec un total de 8 pistes et de 53 minutes, on est à peu près dans les codes de Black Sabbath, la plupart des albums du groupe comprenant entre 8 et 10 morceaux, pour des durées quasiment similaires. Et c'est peut-être ça le plus fascinant : faire sonner originel cet album qui déboule après 30 ans de hiatus. Jamais je n'aurais pu imaginer un Ozzy en telle forme vocalement, un Tony Iommi aussi combatif, qui aura réussi à enregistrer un album avec un cancer et en affirmant qu'il lui restait pas mal de choses à faire avant de passer la guitare à gauche (au sens propre comme au figuré). 

Le rappel avec la cloche, à la fin de Dear Father laisse cependant présager que la boucle est bouclée et qu'il n'y a qu'à réécouter Black Sabbath pour avoir la suite logique de cet album. Et pourtant, je n'ai pas envie que Black Sabbath s'arrête définitivement après la tournée qui risque d'être monumentale. Et surtout, je n'ai pas envie qu'Ozzy Osbourne reprenne sa carrière solo.

Le plus de cet album, ce sont vraiment les trois pistes bonus, Methademic, Peace of Mind et Pariah, qui ont vraiment une force nouvelle, tout en sonnant, encore une fois, so 70's. Methademic et son angoissante guitare acoustique, renforcée par les prothèses en fer au bout des doigts de Iommi, étant donné le son si particulier, ça ne pas être du plastique. Déboule ensuite cette grosse rythmique soutenue qui nous chope à la gorge, le léger phaser sur la guitare du couplet qui accompagne la voix d'Ozzy rend l'effet encore plus efficace. Mais ce qui capte le plus notre attention, c'est ce basse-batterie supersonique à couper le souffle qui s'accorde tellement bien avec le reste sans que celui-ci ait à changer son tempo.
Peace of Mind sonne stoner, sans surprise cependant, puisque c'est un peu l'évolution logique du son de Black Sabbath, surtout au niveau de l'intro, qui plante dès le départ l'ambiance. L'ambiguïté du titre ne se remarque pas au premier abord, "I'm trying to find some peace of mind", qui peut, à l'écoute, se comprendre comme "paix de l'esprit" ou comme "morceau d'esprit, état mental".
Dernier morceau de l'album, Pariah arrive comme une claque. Comme Alice in Chains, l'une des meilleures idées du siècle. A la première écoute, ce morceau est monumental. Une intro en arpège typique de Iommi découle naturellement sur une grosse rythmique bien groovy. Sur le couplet, la basse domine vraiment tout, et ce, de manière naturelle. "You say that you can read my mind, be careful of what you might find. You think that you can be like me, see waht my eyes see but you are not a friend of mine". Le thème de la folie, toujours. Et ce riff qui groove, c'est juste faramineux.


Depuis le live Reunion, que j'ai écouté en 2010, je m'étais pris à rêver d'une folie : celle que ce Black Sabbath originel se reforme. C'est fait, même très bien fait. Je n'ai pas cité beaucoup de chansons de ce dernier album, et ce, pour une raison très simple : si vous êtes habitué à l'univers Sabbathesque, vous verrez que ces morceaux se passent largement de commentaires, puisqu'ils ont déjà été chroniqués pendant les années 70. L'arpège en triton de Iommi sur End of the Beginning nous renvoie au morceau Black Sabbath. Pour résumer, cet album est un condensé de 10 ans, où les meilleures idées sont extraites. Dire que c'est un best-of serait péjoratif, évidemment, puisque ce n'en est pas. Mais on a vraiment l'impression d'avoir laissé deux, grand maximum trois ans, à Iommi et Butler de composer cet album. Point positif : il n'y a quasiment aucun morceau plus mou, comme ils le faisaient par le passé, comme Changes sur le Vol.4. Il y a peut-être juste Loner qui est plus faible, et encore, au vu de l'ensemble, il ne l'est pas tellement. 

Un très bon album, donc, qui ne laisse pas ce goût d'inachevé qu'il peut y avoir sur les albums de groupe qui se reforment pour s'endormir sur un paquet de blé, parce que tout le monde le sait, l'ancien, ça fait vendre. Ici, il y a vraiment une reformation pour la musique, pour les fans, pour être ensemble. Cependant, un album qui se repose sur la notoriété de son line-up et la légende qui l'entoure, qui fait qu'il n'y a plus vraiment le dynamisme du Black Sabbath 70's comme cela a pu être sur le légendaire Paranoid. La seule faiblesse de cet album est sans doute là, et c'est dommage, les trois morceaux bonus apportent cette fraîcheur et cet élan qui manque sur l'album.

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 18:22

alice1



Le grunge est, techinquement parlant, un mouvement musical datant du début des années 90 et qui s'est terminé à peu près à la fin de cette décennie, pour cause de mort de Kurt Cobain et de Layne Staley, les deux figures de proue du mouvement (à savoir des poètes maudits et torturés). Pour moi, et en simplifiant un peu, le grunge se sépare en trois écoles : le grunge influencé par le punk, représenté par Nirvana; celui influencé par le blues-rock, qui est représenté par Pearl Jam, et enfin, le grunge psyché, représenté par Alice in Chains. Le grunge est donc un univers musical à part entière puisque, et c'est là que je voulais en venir, le grunge s'inspire plus des univers musicaux déjà créés qu'il n'est capable de s'inventer (en terme de style, pas de production ni de création, évidemment). C'était là la principale limite du genre, que la plupart des groupes ont su dépasser.

Ce fut le cas avec AiC, qui a réussi ce coup de force de mélanger la quintessence de la musique psychédélique avec la force du grunge est la lourdeur du stoner pour faire de leur musique ce melting pot presque inqualifiable (mais tellement doux à écouter) qui avait tant marché dans les années 90. Vingt ans plus tard, le groupe revient avec un album des plus efficaces, et ce, depuis Dirt (si on ne considère pas Jar of Flies comme un album). Ce stoner déboule en force sur les deux Hollow et Stone, les deux singles de cet album. Hollow, qui offre un chant dédoublé dès le départ nous met déjà dans la confusion : qui est le principal chanteur ? Jerry ? William ? 

Le coup de force de cet opus est de revenir sur l'époque Staley, notamment avec le titre éponyme balade angoissante qui nous rappelle Love, Hate, Love, et, d'une manière plus générale le très étrange et angoissant Facelift, ce qui n'avait pas été fait en 2009, Black Gives Way to Blue se rapprochant plus d'un testament et d'une ode funéraire au regretté Layne. Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter la chanson éponyme, ou le somptueux titre When the Sun Rose Again, où l'on pourrait comprendre que Cantrell a fait son deuil et est prêt à reprendre la route. Cet album marquait aussi l'arrivée de William DuVall, qui avait la lourde tâche de reprendre le flambeau de Staley. Tâche qu'il a réussi avec succès, puisqu'il a été gardé comme chanteur principal. 

The Devil Put Dinosaurs Here est, comme je l'ai dit, l'un des albums d'Alice in Chains les plus réussis, pour deux raisons principales : la première, c'est que Jerry Cantrell a réussi à faire table rase du passé et se lance à corps perdu dans ce qu'il fait (principal compositeur et parolier du groupe) et n'a plus peur de faire du Alice in Chains pour faire du Alice in Chains. Ils l'avaient fait, sur Black Gives Way to Blue, mais c'était toujours assez timide, notamment sur Acid Bubble. Ici, dès Pretty Done, on retrouve les mélodies angoissantes qui ont fait les beaux jours de Facelift, notamment. Des rythmiques angoissantes utilisées en complément d'un chant lugubre, voire macabre, qui revient inlassablement. 
La deuxième raison, c'est que William DuVall a tout de suite réussi à trouver sa place en tant que chanteur principal et guitariste rythmique. Encore que la notion de chanteur principal est assez désuette quand on parle de AiC, puisque Cantrell chante quasiment sur tous les morceaux, et ce depuis 1989.

Toute la force stoner-grunge du groupe se retrouve, de nouveau, mise à contribution sur cet album, force qui avait été laissé à part sur le précédent opus, sûrement pour retrouver un certain équilibre. Impossible de passer à côté de la force de Stone, de sa rythmique sombre et de son chant tout aussi énigmatique. Accents stoner qui reviennent aussi du côté de Hung on a Hook et Lab Monkey, morceau où la voix de Cantrell se fait de plus en plus énigmatique, parfois oppressante, parfois plus lumineuse. La force du groupe vient aussi de fait que les deux voix se complètement, même si les hauteurs ne sont pas les mêmes, la voix de DuVall, plus grave, rattrape celle de Cantrell, plus aiguë. Même si les sonorités de ces deux morceaux sonnent 90's (comme le solo de Lab Monkey), il y a eu une indéniable évolution du son, beaucoup plus précis et beaucoup plus nuancé. Hung on a Hook nous permet de vraiment appréhender la voix de William, pour une fois sans ambiguïté (contrairement au reste de l'album). Scalpel nous renvoie, immanquablement, à When the Sun Rose Again, cette atmosphère acoustique que rien ne vient occulter, sans, néanmoins, trouver le même équilibre dans les voix, dans l'harmonisation et la mélodie. Ce morceau nous renvoie aussi du côté de Jar of Flies, où le monde de l'acoustique se marie tellement bien aux mélodies stoner.

Le groupe ne se prive pas non plus d'envolées mélodiques, comme la fin de Breath on a Window, où, en plus d'un chant vraiment pur, Cantrell nous plante une guitare psychédélique dont la beauté et la justesse par rapport au chant et à l'ambiance générale est impossible à nier. Choke se place dans ce même contexte, dans cette même bulle. Morceau de fin d'album juste génial, une pépite dans son genre, qui est presque indescriptible, tellement l'univers musical fourmille de génie (et pourtant, y'a pas d'instru spéciale, quoi, c'est juste une basse, une batterie et deux guitares). Le génie est là, alors pourquoi se priver ? Ce n'est même pas un excès d'un égo démesuré, c'est clairement une pièce de maître de Jerry Cantrell, pour moi le meilleur morceau de l'album. 

Seul morceau plus "faible" de cet album, Voices, qui nous renvoie, immanquablement lui aussi, au merveilleux EP Jar of Flies, plus calme et plus soft au niveau de la disto, qui, au regard de l'ensemble manque un peu de pêche et de force. Même au bout de plusieurs écoutes, c'est avec ce morceau que j'ai du mal.


J'ai mis du temps à comprendre pourquoi cet album m'avait bloqué au niveau de la rédaction de cette chronique. Mais c'est tout simplement parce qu'il est presque impossible de faire la différence entre le chant de William et celui de Jerry, tellement leurs voix sont proches. A partir de là, comment réussir à comprendre les mécanismes mis en place dans cet album pour le faire tellement sonner Alice in Chains 90's ? C'est peut-être l'un des points négatifs de l'album, que j'avais déjà constaté sur le précédent : même si techniquement et musicalement, il n'y a rien à redire, les deux voix sont trop proches, l'utilisation des deux chants en même temps est peut-être ce qui pousse à la Confusion, ce qui n'avait pas lieu dans la période Staley.

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 19:00

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"Après la mort, il n'y a rien". Du moins, c'est comme ça que je traduirais le titre de ce mastodonte, étant donné que je n'ai jamais fait de latin. Ce qui, du coup, viendrait expliquer, et creuser un peu plus, l'idée que les "Mayans were wrong. We are not". Si les Mayas se sont vautrés, alors c'est Shawter et sa bande qui vont nous matraquer la gueule. Alors ?

Mon premier verdict, première écoute sur Deezer, m'avait laissé une impression mitigée. When Winter..., morceau d'ouverture de l'album commence par un sample de piano, correct, qui annonce le chaos. Arrivent ensuite l'armée de double grosse caisse et de gros scream à la Shawter (la marque de fabrique de Dagob, en quelque sorte). J'ai vraiment pas aimé cette intro, encore maintenant, après trois ou quatre écoutes. Intro qui attaque, certes, mais c'est au niveau du chant, qui se fait vraiment guttural pour être guttural. Il n'y a pas de nuances dans ce growl, juste de la puissance, ce qui ne sera pas fait, ou se fera moins sentir par la suite. Par contre, j'ai pris une claque à force maximale quand le refrain en clair est arrivé. Ça me le fait encore. Je sais qu'il va arriver, mais je ne m'y attends pas. Du moins, je fais semblant, pour continuer à apprécier ce morceau. Après, ce morceau d'ouverture me semble essentiel dans la construction de l'album : on n'aurait pas imaginé en mettre un autre en premier, tant celui-ci souffle le chaud et le froid. Mais attention, ce n'est pas péjoratif, c'est juste que ce morceau est représentatif de ce qu'est l'album : un mélange de gros metal avec voix scream et des passages vraiment puissants, plus clairs dans leur construction et dans le chant, plus efficaces, aussi, parce qu'ils dépeignent complètement du reste des morceaux qu'ont pu faire les Marseillais auparavant. 

Ensuite, Poseidon semble avoir repensé les bases du groupe, bien qu'elles n'aient pas vraiment bougé en 10 ans, avec une musique plus samplé (toutes ces respirations de scaphandriers, ces sirènes, qui étaient largement présentes dans Poseidon, mais vu le thème de l'album, on peut difficilement leur reprocher) et plus "aérienne". En parlant de Poseidon, le morceau Yes We Die, est, je trouve, bien plus proche de l'album précédent que les autres morceaux. Faites la comparaison avec Dead Lion Reef. C'est surprenant. Et toujours ce piano, samplé, proche d'un synthé mais qui ne l'est pas vraiment. Toujours surprenant. Tout comme cette voix claire, qui est un coup porté au préjugé que "un metalleux, ça sait pas chanter". Bah non. Alterner le chant clair et le scream, c'est la preuve que t'es un vrai chanteur de metal. Et le rajout des violons sur Kiss Me Kraken est parfaitement jouissif.

Ceci dit, si vous vous attendiez à des grosses surprises, notamment à la suite du changement de guitariste, avec le départ d'Izakar et l'arrivée d'Yves Terzibachian, vous serez certainement déçus. Encore que... A l'écoute de la fin de The Realm Black, je peux dire que la musicalité est toujours bien bien présente. Je me repasse actuellement les anciens morceaux, notamment de What Hell is About et Face the Colossus, je peux dire que je n'ai pas vraiment vu la différence au niveau des compos, peut-être parce que le groupe se construit autour du noyau que forment Shawter et Franky, les deux étant fortement reconnaissables par leur patte artistique. Je remarque ça parce que j'écoute le puissant I, Reptile et que, au niveau du refrain, on se prend une double grosse caisse et un scream de monstre, guitare et basse faisant office de section rythmique, qui s'effacent quand même grandement par rapport à la double grosse caisse. Ce qui n'est pas vraiment habituel comme manière de produire un morceau, mais je dois dire que l'effet marche amplement. Et ces notes en clean, au dessus de la rythmique syncopée, c'est particulièrement jouissif.

L'interlude Nevada est magnifique. La section rythmique est archi-présente, sans lourdeurs, sans jeu de bourrin, Franky pose une rythmique simple, un peu comme 43°17'N/5°22'E, mais rudement efficace sur des guitares clean et une basse efficace.

Cet album semble vouloir répondre à une nouvelle attente du groupe : celle d'aller conquérir le monde, par les mers, cela s'entend. Cette volonté semble passer par le titre The Great Wonder, qui cogne comme un double uppercut, avec la répétition de "Wonder" et de "After". Arrive ensuite ce chant clair, assez opportuniste, qui correspond assez aux standards US, et surtout à des normes de metalcore bien couillu. Peut-être le morceau le plus suprenant et le plus "dagobesque" de l'album, celui qui poutre vraiment, sans pour autant être désagréable. La faute à une production très US qui semble savoir s'y prendre avec les groupes qui veulent se faire connaître. C'est cette prod qui semble s'imposer sur le reste de l'album, sans pour autant venir dénaturer le gros son de Dagoba, tel qu'on a pu le connaître. Certains le regrettent, pour ma part, c'est pas tellement du regret, c'est plus une surprise. Cette prod US revient aussi sur Son of a Ghost, qui semble plus répondre aux attentes d'un public américain.



Ceci dit, peut-on vraiment vouloir à nos groupes du terroir de vouloir partir vers le monde merveilleux des States ? Je ne crois pas, non. Quand on voit la place réservée à la musique metal dans notre monde culturel, on ne peut que souhaiter aux quelques groupes qui ont réussi à percer d'aller voir ailleurs, plus loin. Et les États-Unis restent quand même le pays où le metal est le plus apprécié, si l'on oublie tous les pays scandinaves qui sont de gros gros fournisseurs de groupes de black metal, ce qui n'est pas négligeable. Cette production US est le reflet flagrant du désintérêt de la France pour ses groupes de metal, et les quelques grosses pointures dans le monde de la prod française (comme Stéphane Buriez) sont plus tournées vers le metalcore / hardcore (il suffit de voir le dernier The ARRS), ce qui n'aurait jamais correspondu à l'univers de Dagoba.
Il suffit, pour s'en convaincre, de prendre l'exemple de Gojira. Exilés aux States pour L'Enfant Sauvage, le groupe a franchi une étape dans le monde du metal. Peut-on en espérer autant pour les Marseillais ? Au vu de cet album, je dirais oui. Franchement oui. Une prod peut-être un tout petit peu trop US pour un public français, mais cela a-t-il vraiment de l'importance puisqu'on sait ce qu'ils sont réellement capables de faire ?

Les Dagob' ont rempli leur part du contrat et défoncé la gueule des Mayas, qui, contrairement aux Marseillais avaient largement eu le temps de peaufiner leur carnage. Mais, au fond de moi, j'espérais que les frenchies feraient mieux que le film de Roland Emmerich. Chose faite aussi. Plus ample et plus direct, ce Dagoba s'annonce donc comme la référence en matière de fin du monde. "Après la mort, il n'y a plus rien". Si cela signifie que la fin de l'album annonce la mort, je veux bien les croire : la seule chose que j'ai eu envie de faire, c'est de violer la touche "play again" sur Youtube. Plus rien d'autre ne pourrait exister, donc.

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