"Le marché du disque en hausse en France" COCORICO ! Paluchez-vous, allez ! Faites que cette journée soit mémorable. Parce que ça va pas durer. Daft Punk, c'est pas Rihanna, c'est pas une machine à disques. Stromae non plus, c'est à ça qu'on voit qu'il bosse seul (ou presque) sur ses disques. Quant à Gims... Heu... Ça tiendrait qu'à moi, je parlerais d'effet de mode. Donc de là à dire que le marché du disque se porte bien... Surtout que c'est seulement pour des artistes français. 17 des 20 meilleures ventes (85% des ventes en France, ce sont des artistes français), de là à dire que c'est du favoritisme national, y'a qu'un pas. Que je franchis allègrement.
D'accord, c'est une première de puis onze ans. D'accord. Mais pensez à tous les gens qui achètent des CD pour continuer à faire vivre des disquaires, des artistes, des maisons de disques indépendantes (me dites pas que Daft Punk sont sur XIIIBis Records). Est-ce que pour eux, ça va changer leur vie ? Non. Pour eux, c'est dans l'ordre des choses. Pour moi, ça l'est. Le physique a cette chose en plus, ce petit supplément d'âme que le numérique n'a pas. Les albums numériques, c'est un peu la désincarnation complète de l'artiste et de son oeuvre. Et pour ça, je suis content que le marché se casse (un peu) la gueule. Pour leur faire comprendre, à ces gens qui passent leur vie à payer 0,99€ un morceau, que la musique ne vaut pas moins d'un euro. Que la musique c'est plus que ça. Et pourquoi c'est plus que ça, la musique ?
Parce qu'un CD, ça n'est pas que de la musique. C'est tout ce qu'il y a autour. Un boîtier, déjà. Que ce soit boîtier cristal ou digipack, en dit déjà beaucoup. Le digipack, c'est la proximité avec une oeuvre, c'est sûrement moins cher aussi (mais je vais pas épiloguer là-dessus). Le digipack, ça permet au mec qui achète d'être dans l'immédiateté avec l'artiste. Le digipack, il permet de faire des sculptures, comme créer des choses avec (faire la maison de House of Gold and Bones, réunir deux tableaux d'une même oeuvre -SOAD et le dyptique Mezmerize/Hypnotize). Et le boîtier cristal. La robustesse et la durée de vie (sauf si on met un coup de talon dedans, certes. Mais essayez de mettre un coup de talon dans un digipack et essayez de lire votre CD). Le boîtier cristal ne pardonnera jamais que vous perdiez le livret à l'intérieur. Car dans ce cas, plus de cover.
En parlant de livret... Peut-être la chose la plus intime d'un CD. De un parce que quand c'est dans un boîtier cristal, faut arriver à le sortir sans le déchirer. De deux, c'est tout un univers, un livret. Généralement, c'est les paroles des chansons du CD. Rien de bien original. Des fois, c'est une histoire à la place des paroles. Des fois, le livret est carrément la cover de l'album dans son intégralité (comme Lateralus, de Tool, où les pages transparentes du livret se superpose pour donner la cover intégrale). Des fois, c'est des photos. Des fois, t'achètes un CD qui est "édition collector" parce que le livret contient les photos ET les paroles (les paroles étant le bonus de l'édition collector). Des fois le livret se lit comme un livre. Avec des pages qui se tournent de droite à gauche. Des fois, le livret, il se déplie à la verticale. Des fois, le livret, c'est un poster avec les paroles des chansons derrière.
Des fois, le numérique c'est bien aussi. Parce que ça permet d'obtenir des albums que tu trouves pas en France et qui sont commercialisés nulle part. Mais c'est tout. Et même là, j'ai l'impression de trahir mes convictions. Parce que j'ai grandi avec les CD (que je numérise à tour de bras, c'est bon, je le sais) et que je mourrai sûrement avec. Parce que les netbook, sans leurs lecteurs CD, bah c'est frustrant. Et c'est la raison pour laquelle j'ai acheté un 15" Acer pour aller en cours. Pour avoir un lecteur CD.