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28 décembre 2013 6 28 /12 /décembre /2013 20:47

Je n'avais plus foi en rien. Jusqu'à ce qu'elle arrive. Je ne savais plus vraiment où j'en étais. Et elle est arrivée. Je n'étais plus qu'une coquille vide, complètement vide. La précédente locataire avait dévasté les lieux comme vous ne l'oseriez l'imaginer. Et elle est arrivée. Elle a remis de l'ordre dans la pièce principale. A redressé les miroirs qui menaçaient de se briser. Elle a ouvert les rideaux. Et le soleil est entré. En même temps qu'elle. Parfois, j'en viens à me demander si ce n'est pas elle, le soleil. Longtemps, j'ai eu l'impression d'attendre le lever du soleil derrière des rideaux occultants. Longtemps, j'ai voulu m'accrocher aux précédents rideaux qui tombaient, malgré eux, en lambeaux.

Longtemps, j'ai essayé de faire rentrer quelqu'un dans mon appartemment pour que je puisse enfin y mettre de l'ordre. Longtemps, j'ai attendu. Longtemps, je n'ai été qu'une coquille. Vide et sans sentiments. Tout juste bon à craquer quand on marchait dessus un peu fort. Longtemps j'ai perservéré. A chercher du côté de gens qui ne m'ont aimé que pour l'intérêt, maladif, que je leur portais. Longtemps, j'ai cherché du côté des "forts" pour avoir la sensation de marcher, moi-même, sur des coquilles vides.

Comment expliquer qu'une relation puisse changer aussi vite et aussi fortement ? Moi même je ne le sais pas. Moi même je ne saurais pas lui expliquer, à elle, comment cela est arrivé. Alors pourquoi chercher à vous l'expliquer à vous ? Non pas que vous n'en valiez pas la peine. Loin de là. Je sais que vous serez heureux pour moi. Pas de problèmes là-dessus. J'aimerais juste que ça soit simple. Peut-être trop simple. Que j'arrête de me faire des films, sans cesse. Que je puisse enfin en avoir pleinement conscience. Ce qui est, en grande partie, déjà le cas. 

J'ai toujours eu peur des relations à distance, de ce qu'elles impliquaient comme sous-entendus. Des sous-entendus et des obligations. Qui blessent. Qui torturent, même. Pourquoi ? Je vous laisse imaginer, même si vous ne le pouvez pas vraiment. Comment se placer dans une relation à distance quand vous êtes à dix kilomètres l'un de l'autre ? Comment vous situer une relation à distance quand celle-ci n'est rien, pour vous ? Comment vous expliquez une relation qui est toujours sur la corde raide ? Qui menace toujours de tomber dans le vide intersidéral à la moindre tempête magnétique ? Comment la voir, elle, quand il n'y a ni TARDIS ni Docteur à portée de main ? 

Je l'ai attendu. Je t'ai attendu tellement longtemps. Comment imaginer que tu ne pourrais plus être là, d'un infime claquement de doigt... pouf! plus rien ? Je ne veux pas me l'imaginer et tu sais pourquoi.


 
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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 21:41

Elenna. Vingt-deux ans.

Elenna. Regarde vers le passé.

Elenna marche, marche, encore et encore, jusqu'à en avoir les jambes coupées, jusqu'à ne plus ressentir la douleur.

Elle veut retourner vers ce passé, cette chose inaccessible qu'elle regarde tout le temps, à chaque instant, chaque minute. Chaque seconde passée à regarder en arrière l'éloigne un peu plus de la vie présente qu'elle mène, en demie-teinte. Moitié morte, moitié vivante, Elenna flotte entre deux mondes, deux états parallèles. Elle sait qu'elle peut s'en sortir. Mais elle ne veut pas. Elle ne désire pas oublier cet homme. Celui qui lui a fait découvrir la vie, la joie, la haine, le bonheur, les pleurs.

Elle se jette à corps perdu dans une cause déjà perdue. Même les shooters de vodka ne l'aident plus à oublier. Même les lignes de coke ne lui font plus d'effet. Et pourtant, Elenna a mal, trop mal. Elle veut, désire oublier.

Elenna ne peut vivre sans lui, sans cet homme qui lui apportait bonheur et humanité, calme et volupté. C'est, en fait, plus un choix de vie qu'une obligation.

Alors, pour passer le temps, Elenna s'assoit et comate. Parfois, elle plonge dans le rêve. Le revoit, lui, Zak, son défunt amant. Elle le voit courir, dans une rivière. Elle le suit, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle sait que dans cette rivière, tout finira par redevenir noir. Elle sait que dans cette rivière, le retour est impossible. Et tout d'un coup, Zak devient forme. La forme devient fantôme. Le fantôme devient invisible et se meurt, peu à peu, dans cette rivière.

Elenna, dans un sursaut, se réveille, le visage mouillé de larmes, d'avoir trop pleuré la mort, d'avoir trop attendu la vie.

Elenna, alors, descend dans la rue et va marcher. Elle s'arrête dans un bureau de tabac, ressort avec un paquet de Camel. Elle en grille une, en repensant à son sommeil hanté. Elle s'assoit à la terrasse d'un café, attend. Sa journée défile lentement. Elle rencontre certaines personnes, en évite d'autres. Journée banale, en somme. Elle finit par rentrer chez elle et reprend un rail, comme ça. Pour la forme. Elle n'en a plus besoin. Son organisme a totalement identifié la substance et les effets deviennent minimes, jusqu'à devenir inexistants. Elle tombe. De sommeil, de douleur, de fatigue, de ressentiment. Tout cela au même moment.

Et là, dans un rêve quasi-parfait, la route, menant à la rivière. Elle se réveille en pleurs, le thorax comme brisé, la tête prête à exploser en milliards de morceaux, tous aussi gros que son chagrin. Il est de ces moments comme indéfinissables, qui sont juste violents et que l'on veut garder pour soi, voire même oublier. Celui-ci en était un. Une pâle lueur de jour commençait à s'élever sur la cité, et Elenna ne voulait plus refermer un œil. Elle se sentait comme désemparée, déboulonnée de son socle d'acier. Ce rêve était si clair, si précis qu'elle aurait pu y courir les yeux fermés, en ne se fiant qu'à ses souvenirs brisés. A leurs souvenirs, à Zak et à elle. C'était au début de leur relation, il y a environ six ans. A ce moment, ils étaient juste amis, des amis proches, certes, mais amis quand même. A la sortie du lycée, Zak voulût emmener Elenna dans un lieu qu'il considérait «propice à l'imagination, à la rechute vers le passé et à la dégustation de l'instant présent».

Il l'avait donc conduit sur les berges d'une rivière. Elle avait été étonnée de voir ce lieu pour la première fois. Elle ne savait même pas qu'il pouvait exister un tel lieu à seulement vingt minutes de marche d'une ville de taille moyenne. Qui plus est, Zak avait emménagé deux ans auparavant. Elle, était là depuis sa naissance. Elle voyait la vie reprendre le dessus. Elle voyait la vie vaincre la mort. Elle voyait la nature vaincre le béton. Elle voyait les animaux vaincre les humains, sans sentiments, rangés dans des box, avec du ciment dans les yeux. Elle voyait le Soleil dans sa plus brillante et imposante forme. Et, plus important, elle respirait enfin. Au fond d'elle, et bien avant cette journée idyllique, elle aimait ce qui émanait de Zak. Son odeur, sa chaleur réconfortante, son sentimentalisme malgré les apparences qu'il envoyait. Elle l'avait aimé dès qu'elle l'avait croisé, en ville, bien avant même de savoir qu'ils se retrouveraient dans la même classe, dans le même lycée. La probabilité était infime. Le destin a bien fait son boulot.

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 21:40

Elle revint à l'instant présent. Ils étaient assis sur les galets et regardaient la rivière, signe de vie et de temps qui passe. Elle aimait le calme. Lui, la regardait avec ce regard. Celui qui veut tout dire, celui qui ne veut rien dire en même temps. Le jour, sur le déclin, laissait place à une nuit sombre, sans lune et sans étoiles. Une des ces nuits où le temps semble virer à l'orage, où la lune joue à cache-cache avec les nuages. Quand il la serra dans ses bras, elle sentit un courant passer entre eux deux. Un de ces chocs comme elle n'en eût plus jamais depuis. A la fois violent et doux, puissant et inefficace, rapide et si lent. Elle savait que ça serait lui, et non un autre, qui partagerait sa vie jusqu'à ce que la mort les sépare. Elle dût réprimer un violent besoin de plonger sa tête dans ses épaules, de fondre ses lèvres avec les siennes. Elle se sentait vidée de toute énergie. Elle voulait s'envoler, mais elle ne pouvait pas faire un pas. Ils repartirent, regardant encore la rivière, une dernière fois. Un silence s'installa entre eux. Pas un silence oppressant, mais un silence léger, comme libéré d'un poids trop longtemps inavoué. Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre encore un certain temps, avant de se quitter et de repenser à cette magnifique après-midi. Elle lui en était reconnaissante. Il ne se souvenait pas avoir aimé comme ça. Elle se sentait libérée d'un poids, libérée du silence qui entourait ce sentiment. Il se sentait si léger qu'il aurait pu sauter à pieds joints, puis s'envoler vers le paradis. Ils ne désiraient qu'une seule chose tous les deux, c'était de se retrouver le plus tôt possible.

Le passé gifla Elenna au point de lui faire oublier la douleur un instant. Elle se sentait virer dans un monde où le présent, peu importe son importance, s'effondre et laisse place à un monde noir, où le moment que l'on vit est déjà connu. Elle revivait sa vie et se sentait de plus en plus déprimée, au point de vouloir exploser sa tête contre les murs, s'enfoncer des aiguilles dans le cerveau, regarder le vide, et sentir le sol vaciller, et tomber. Dans cette rivière... dans cette rivière... dans cette rivière. Cette phrase hantait Elenna, au point de lui faire peur. Il fallait qu'elle redécouvre, qu'elle ressente par elle-même ce qu'elle avait senti la première fois. Elle marchait donc d'un pas décidé vers ce lieu hanté. Lorsqu’elle arrive en ce lieu, elle sentit la peur l'envahir.

C'était aussi ici que Zak avait décidé de mettre fin à ses jours, à ceux d'Elenna, aussi, indirectement. Il était venu seul, une nuit de pleine Lune. Le ciel était dégagé, les étoiles apparaissaient les unes après les autres, laissant place à des constellations qui envoûtaient ses yeux. Il se laissait porter par elles. Il ne savait pas ce qu'il l'avait poussé à agir comme ça, tout du moins à vouloir agir comme ça. Il savait qu'elle se sentirait coupable de ce qu'il allait faire. Il savait, lui, qu'elle n'y était pour rien. Mais elle, l'ignorait complètement. Il ne se sentait ni bon ni méchant. Après tout, c'est lui qui souffrait, et qui désirait quitter ce monde. Il savait, au fond de lui, qu'il lui ferait plus de mal qu'il ne s'en ferait à lui. Mais bon, la vie, c'est la vie, et il savait qu'ils devraient passer par là un jour ou l'autre. Il s'était laissé emporter par ses pensées, s'en voulait, parce qu'il perdait du temps. Trop de temps. Les minutes qui lui restait s'écoulaient trop lentement à son goût. Il ne voulait pas profiter de la vie qu'il lui restait. Il ne voulait plus lutter. Il lui avait laissé un mot, pour s'expliquer, expliquer son geste, tout du moins, tenter de le faire. Mais il savait très bien que cela était purement inutile. Il commençait à se lever, lorsqu'un bruit attira son attention vers les sous-bois, là où la lumière ne pénétrait que difficilement, et par bribes diffuses. Au plus profond de ce sous-bois, se tenait une forme, immobile, mais floue, peu attrayante. Zak s'approchait, retenant son souffle, ne sachant pas quoi trouver. Bizarrement, il ne pensa plus à son suicide, mais à identifier la chose. La chose se leva, et ce que Zak vit, Zak ne l'aurait jamais oublié s'il avait eu le temps de s'enfuir en courant. Il chuta lourdement, la chose passa sur lui, et, au lieu d'une forme humaine, un petit tas de cristaux bleus.  

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 21:39

Le jour commençait à poindre lorsque le corps mutilé d'un jeune homme de dix-sept ans passa au cœur de la cité, un corps si mutilé qu'on était incapable de trouver un seul signe distinctif sur son visage.

Au bout de trois longues journées d'analyses ADN minutieuses, un nom fut donné à ce triste amas de chair et de sang séché. C'était le corps de Zak Kartaktian, un jeune arménien. Sa famille avait été prévenue, mais les médias et les amis du jeune homme ne l'ont pas été. Un meurtre apparent fut donc camouflé en suicide. Le corps n'aurait jamais été retrouvé, et l'enterrement eu lieu avec un cercueil soi-disant vide. Une jeune fille était resté allongée sur la tombe pendant des heures, pensant à cet amour perdu. Elle avait lu la lettre, vraie, elle. Le suicide lui était donc confirmé. Elle avait passé cinq ans, pensant que sa faute à elle l'avait perdu lui.

Les années étaient passées pour cette jeune femme, et elle ne se remettait pas de cette perte.

Elenna se souvenait maintenant parfaitement de ces jours sombres, où, elle aussi pensait mettre fin à ses jours.

Elle était debout, le long de la rivière, regardant cet endroit idyllique, où, jeune, elle avait aimé cet homme.

En pleine nuit, dans la forêt, Elenna regardait cette rivière, couleur encre. Elle regardait une eau noire, noire comme ses plus sombres souvenirs et ses plus sombres pensées. Soudain, sa vision se troubla, elle vit. Elle vit ce qui s'était réellement passé ce soir-là, il y a cinq ans de cela. Elle sentit une force l'envahir, lui montrer les choses, détails sur détails. Elle vit l'horreur et la mort. La peur et la douleur de celui qu'elle aimait. Elle sût même ses véritables raisons, trop horribles pour être racontées. Après cela, elle ne se sentira plus jamais la même. Si elle survit à ce qui va lui arriver. Elle se réveille, un chose lui rentre dedans, elle chancelle et manque de tomber la tête la première sur un énorme rocher. Elle essaie de se relever, mais une chose la maintient violemment au sol, lui coupe son oxygène. S'en suit alors une poussée d'adrénaline si énorme que sa tête vient à lui tourner. Elle saisit la chose qui la maintient au sol, et la soulève tant bien que mal. Elle roule sur le côté, essaye de reprendre son souffle, mais une nouvelle charge la cloue au sol, si bien que tout mouvement est inutile. «Take a look to the sky just before you die, it's the last time you will.» furent les dernière pensées qu'elle put avoir. Elle mourut en regardant le ciel, en repensant à Zak. Et elle le vit, en face d'elle.

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 18:44

Debout, sur une voie à sens unique, infinie,

Seule, désespérée, cible privilégiée du monde,

Tu cours, à en perdre haleine, tu sembles ne plus pouvoir t'arrêter,
Tout comme la proie des films d'horreurs, la blonde.

Tu cherches désespérément un échappatoire,

Tu cherches désespérément un monde illusoire.

Ta vie est en jeu, maintenant,

Le monde veut ta peau, veut boire ton sang.

 

Immobile, tapie dans l'ombre,

Subis les regards, les insultes, les gestes,

Pars te cacher sous les décombres

De ta mémoire. Les gens te fuient comme la peste.

 

Tu t'enfermes dans ton monde, recluse.

Tu cherches un nouveau Soleil, un astre,

Capable d'expier tes péchés macabres,
Un astre qui te trouvera des excuses.
Ton imagination, telle un couperet,
Te tombe sur la gorge, t'ôte la vie,

Tu perds pied, peu à peu, avec la réalité,
Tu détestes la foule, le peuple devient ta phobie.


Tu te replies sur toi-même, chétive gamine,

Ton monde illusoire s'unit avec la réalité,
Tout tourne, un axe invisible, tu tombes avec dureté

Sur du marbre. Sur ton marbre, cela finit.

Tu te relèves, fuis ce cimetière,
Où le même nom revient inlassablement.

Où le même nom revient comme un satanique refrain,
Où le même nom n'est que le tien, infiniment.

 

Ton monde s'évapore, ton sommeil ne finit plus,
Tu émerges, seule, perdue, au milieu d'une rue,

La populace te regarde avec mépris,

Tu l'insultes, la menaces. Et elle rit.

Le suicide reste le plus bel échappatoire,
Tu marches sur un pont, escalades. Attends ta chute.
Le vent semble t'inciter à choir, à perdre espoir.

Et d'un coup...chut...

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 22:02

L'église était le lieu le plus propice dans lequel je pouvais me réfugier. En attendant que tout cela cesse. En attendant que la mort, au dehors, passe. J'ai remarqué que les symboles religieux les faisaient fuir. Que la vue d'une Bible les faisait hurler de douleur. Qu’ils détruisaient les croix sur leur passage. Ils auraient souhaité un monde sans religion, un monde sans Dieu. Un monde sans Bien. Juste le Mal, le Mal, partout. Tout le temps. Il semblait inutile de vouloir les faire plier, ils étaient trop fort, trop bien organisés. Le plus horrible a été de voir qu'ils pouvaient embrigader les humains, comme ça, en n’ayant rien à faire. Juste en disant qu'ils allaient débarrasser le monde de toute idée de religion et de bonté. Qu'à cela ne tienne, chacun son trip. Plus sérieusement, je me demandais comment survivre dans ce monde. J'aimerais aussi savoir pourquoi ils ont commencé par attaquer la Russie. En commençant par le Vatican, ils auraient été sûr de réussir leur coup.

Je m'appelle Katrien. J'ai vu mes parents se faire assassiner par ces créatures malsaines. Le sadisme semblait être leur arme de prédilection. Des choses horribles. Par chance, et je sais de quoi je parle, sincèrement, mes parents ont eu la tête tranchée. Je suis soulagé pour eux, je me dis qu'au moins, ils n'ont pas souffert. Pour vous donner une comparaison, Guantanamo, à côté, c'est un peu Disneyland. C'est toujours effrayant de voir mourir des gens. J'étais comme tous les jeunes, la mort ne m'effrayait pas, c'était banal, dans les films, les jeux vidéo, tout, quoi. Mais être confronté à la mort, la vraie. C'est totalement aberrant. Vous vous dites d'abord que non, ce n'est pas possible, que ça ne peut pas vous tomber dessus. Vous vous demandez ce que vous avez fait pour que le Seigneur vous en veuille autant. Et là, vous savez. Vous l'avez trop prié. Le Diable envoie donc ses messagers pour se venger et faire savoir, que, lui aussi, il existe, qu'il refuse d'être mis de côté plus longtemps. Qu'il refuse d'être considéré comme totalement négatif. Sans lui, le Bien n'existerait pas. Ça ne serait qu'un vaste concept philosophique, et encore. Peut-on imaginer le Bien sans penser le Mal ? Peut-on penser le Beau sans imaginer le Laid ? Non.

Le Diable avait donc sorti les morts de terre, levé une armée. On racontait cette légende depuis des siècles, tout le monde avait pris ça pour une vaste fumisterie. On aurait dû écouter ceux qui nous disaient que, transis de peur, plongés dans l'horreur, ils avaient vu le Diable, émaner de terre comme un arbre pousserait en vitesse accélérée. Leur était resté cette vision d'une chose. Pas le diable qu'on nous sort à toutes les sauces dans les bouquins pour enfants, avec des cornes et une queue pointue. Un crâne sur une sorte de corps brumeux, qui reflétait le spectre de l'arc-en-ciel. Et plus encore. Comment ? Personne ne le sait. Personne n'avait voulu croire en Son existence. Son attaque avait été minutieusement préparée. Pendant dix, vingt, quarante siècles, peut-être. Il a fallu que ça nous tombe dessus. En y réfléchissant bien, j'ai compris pourquoi la Russie comme centre de formation, comme caserne et comme point de départ. L'Est. La Sibérie. L'endroit le plus froid du monde, celui où très peu d'Hommes ont osé s'aventurer. Et ne sont jamais revenus, d'ailleurs. Peut-être les reverra-t-on bientôt. Mais sous quelle forme ? Telle était la question. Seraient-ils encore vivants ? Morts-vivants ? Morts ? Boule de gaz et d'énergie comme Le Diable ?

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 21:52

Le sol était froid, tout comme l'air ambiant. Je m'étais laissé détruire.

Il n'y avait plus de ciel, plus de terre, je tournais, je ne m'arrêtais plus. Tu sais, cette impression que le sol se dérobe sous tes pieds et que tu tombes. Je voulais toucher le sol, au risque de me tuer. J'ai peur du vide.

Au premier regard, je n'ai pas reconnu l'endroit où je me trouvais. Il m'a fallu une bonne demi-heure pour commencer à rassembler les éléments dans ma tête et les assembler pour donner un semblant de cohérence.

Ce genre d'endroit où les déchets humains comme moi finissent. Ce genre d'endroit où les moins que rien côtoient le néant. Un endroit d'où l'on ne peut fuir, un endroit où la mort est la seule et unique issue.

Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Tellement d'années ont passées. Tu dois avoir une vie, maintenant. Un mari, des gosses, un chien. Ce genre de stéréotype de vie rangée, quoi. Toi, ma rebelle au grand cœur, t'as sûrement finie comme ça, ouais. Ça colle bien avec ton intellect, en fait. Rebelle en surface, mais prudente dans le fond. Je te connais. Et là, tu rougis. Tellement fort qu'on te verrait dans le noir. Je sais qu'au fond de toi, tu regrettes cette vie rangée et aseptisée. Je sais qu'au fond de toi, tu ne désires que moi, tu ne veux que moi pour les longues nuits d'hiver, celles où tu es seule, celles où tu as peur. Car moi seul connais tes peurs. Ce n'est pas de la prétention, juste une constatation. Tu me l'as même répété, maintes et maintes fois, le soir, dans la pénombre.

Je regarde le monde, les Hommes autour de moi, je les méprise. Je les vois s'aimer, se jeter des ponts, des immeubles. Oui, je méprise cette race dont je fais partie. Dont tu fais partie.

Je me souviens de notre rencontre. Cela remonte à bien des années. Des années où mon insouciance et ta rébellion nous ont valus des magnifiques heures et des choses mémorables. Tout cela me manque, Darlin'. C'était aussi une de nos inventions, ça. Ce surnom me trotte dans la tête tous les jours, chaque minute de ma vie, je le vois clignoter, en grosses lettres bleues entourées de spots.

Cette rencontre compte parmi les plus belles et les plus destructrices que j'ai pu faire pendant cette vie misérable. Je ne saurais la replacer dans une année précise, mais je me souviens d'un jour, entre l'été et l'automne, vraisemblablement en Septembre. Mon Septembre à moi n'était pas rose, comme l'aurait dit Thiéfaine, mais plus dans les tons mauves, tirant sur le noir, même, parfois.

Cette impression que tout va mal, que tout tombe en pièces, que le temps ne te laisse plus que les miettes. Les miettes d'une vie vraisemblablement idyllique. Ce genre de moments où tes rêves explosent. Simplement. Et là, tu es arrivée. Écrire ton prénom me briserait le cœur, excuse-moi cette faiblesse d'homme pitoyable. Je ne suis même plus capable de voir les choses en face. Quand l'ai-je été, d'ailleurs ? Peut-être jamais. Tu aurais dit le contraire, il y a des années de cela. Mais plus maintenant, maintenant que tu as ta vie parfaite.

Notre rencontre, en Septembre. Un seul regard, cette sensation que je n'aimerai plus que toi. A tout jamais. Ton visage, ton sourire, tes yeux. Tout. Tout chez toi m'envoyait sur une autre planète, dans une autre galaxie. Tu m'as littéralement happée dans une spirale, qui, par la suite, allait devenir bien plus infernale et interminable que ce que je croyais. Je te voyais, idole de marbre, posée sur un pied de jade. Idole de feu posée sur un lac. Magnifique.

Tu m'as tant apporté. Tellement que je ne saurais te le rendre. Je ne veux pas te le rendre. J'ai déjà assez donné, assez subi comme ça.

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 21:51

Je ne sais pas si tu te souviens de cette soirée de Juin, cette soirée où nous étions monté dans les bois, au-dessus de chez moi, et que nous avons dormi à la belle étoile. Enfin, «dormi» est un bien grand mot. Nous avons plutôt admiré les étoiles et discuté de tout et de rien au lieu de dormir. Cette nuit restera comme la plus belle que j'ai jamais passé. J'ai aimé cette force quasi-magnétique, quasi-mystique entre nous deux. Cette force qui a rapproché nos esprits, nos âmes, et, petit à petit, nos corps. Tu n'as pas besoin de détails, si ? Je ne crois pas. Je crois que cette nuit et la journée qui suivit a été gravée au fer blanc dans nos mémoires. Je me souviens de tes yeux verts profonds, comme deux abysses. De ta peau blanche et douce. De ton sourire éclatant et rayonnant. De tes cheveux, châtains aux reflets blonds. Tu étais charmante. Tout, chez toi, s'accordait parfaitement, dans un summum de perfection.

A ce moment, il n'était même plus question de quelqu'un d'autre. De toute ma vie. Tu aurais pu être celle qui aurait comblé mes jours, mes nuits, mes silences. Parce qu'il y a une limite au silence, bien que celui-ci soit fondamentalement utile à la construction humaine et au développement de l'être. Le silence peut être parfois bon. Cela fait des mois que je ne parle plus. Et j'en crève. Oui, parfois le silence devient trop long, et toi, tu savais y mettre fin. Tu savais le faire au meilleur moment. Quand je m'apprêtais à sombrer dans des abîmes insondables. Cette image, bien que beaucoup utilisée, se place plutôt bien dans ce contexte. Tu n'imagines même pas la folie dans laquelle j'ai pu plonger lorsque tu es partie.

Imagine un paysage Irlandais. Vert, brumeux, tellement brumeux que tu ne vois pas à deux mètres où tu mets les pieds. Imagine que tu mets le pied dans un trou. Que ce trou se resserre sur ton pied, petit à petit, que tu ne puisses plus sortir, et donc, que tu ne puisses plus vivre. Imagine ensuite ce trou s'espacer, juste assez pour que tu ressortes ton pied. Et d'un coup, te happer entièrement. Comme ça. Une chute sans fin, un trou sans fond. J'ai fini par voir la lumière. Se refléter sur une seringue remplie d'héroïne. Et là, j'ai su que tout était réellement fini. Tu n'imagines même pas le bonheur de voir tous ses ennuis s'envoler, comme ça, avec une simple seringue.

Maintenant, j'en suis là. Échoué sur la plage de mes tréfonds. Échoué sur la plage de mes malheurs. Désespérément seul, attendant quelqu'un pour venir me sauver. T'attendant, tout en sachant que tu ne viendras pas. Que tu ne viendras plus. Pas pour m'aider, alors que je me suis défoncé en pensant que ça te ferait revenir plus vite. Que ça te ferait revenir, tout simplement. Bien que n'étant pas une fille qui aimait faire, tu aimais voir les autres faire pour toi.

Voilà. Je devrais m'arrêter là, normalement. Mais j'ai encore envie de te serrer dans mes bras. Ça aussi, c'est une douce illusion. Je suis un raté. Si tu reçois cette lettre, je serais venu la déposer chez toi. Oui, je n'ai pas arrêté de suivre tes mouvements depuis le jour de notre rupture. L'amour m'a tué. Tu m'as tué.

Je t'aime.

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 16:24

Mes pensées troublaient mon raisonnement. Comment avoir autant de peine en étant si heureux ? Sans doute n'était-ce pas cela, le bonheur. Mais qu'était-il, alors ? Quelle forme peut-il prendre ? Quelle était cette monstruosité, ce changeur de forme qui apparaît à chaque personne différemment ? Pourquoi pas moi ? Certains disent qu'il faut avoir de la chance pour être heureux. Bien. Mais si je n'ai ni l'un ni l'autre ? Si j'ai encore moins de chance que de bonheur ? La question est là. Dépression ? Suicide obligatoire ? Je pense bien, oui. Mais le suicide ramène obligatoirement à la question tangente de la chance.

Si je saute d'un immeuble, par exemple. Disons, du cinquième étage, la tête la première. Quel est mon pourcentage de chance pour que je m'écrase bien proprement en me brisant la nuque ? Soixante ? Soixante-dix pourcents ? Ça me laisse une marge de trente à quarante pourcents pour me biser la colonne vertébrale et, avec la chance que j'ai, de finir ma vie tétraplégique et en ayant perdu l'usage de la parole.

L'électrocution dans une baignoire ? Vous me direz que c'est inratable. Je vous répondrai "Oui, pour les autres". Avec ma chance, il va se passer un truc avec le pH de la flotte ou le fait qu'elle contienne trop de ci ou pas assez de ça pour me faire rater mon suicide. Je pourrais finir collé au fond de ma baignoire (et qui a encore une baignoire de nos jours, au juste ?), agonisant comme un poisson hors de l'eau. 

La pendaison ? Je serais capable de mal faire le noeud coulant, je serais capable de mal attacher la corde à la poutre, voire même de ne pas choisir la bonne corde ET la bonne poutre, et me retrouver avec un tabouret au milieu du dos. Et il suffit, que, au moment ou je saute, ma main reste coincée dans la boucle et que je passe plus de temps à essayer de l'enlever que de mourir. C'est moche, hein ?

J'aimerais conclure. En vous disant que le suicide est une question de chance (vous l'aurez compris). Que, pour une fois, la vie dira "Il a pas de chance, mais pour cette fois, roule. On verra bien". Parce qu'un jour, on sera bien obligé d'y passer. Et, la plupart du temps, vous ne verrez rien arriver. Vous marcherez dans la rue, un bus va vous rentrer dedans. Vous serez chez vous, une tempête, vous vous prendrez le chêne du voisin sur la gueule. Voilà, c'est tout. Donc le suicide, oui. Pour ceux qui n'en peuvent vraiment plus. Et pas pour les ados qui se la jouent dark.

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 18:15

C'était un après-midi d'automne. Ce genre de journée où la nature semble brûler unanimement. Je jouais dans les feuilles. Un énorme tas de feuilles. Rien que pour moi. J'étais égoïste, je comprends maintenant pourquoi les autres gosses ne m'aimaient pas. Je les frappais pour récupérer des cartes Pokémon ou des pog, qu'ils avaient pourtant gagné "à la régulière". Et à cet âge, on ne plaisantait pas avec les règles. Sauf moi. Mauvais joueur, mauvais perdant.
Alors vous comprenez bien que j'ai eu du mal à partager mon tas de feuilles. Surtout avec une fille. Je me rêvais corsaire, elle a sauté sur mon bateau. Alors j'ai décidé de l'attaquer à coups d'épée. Je me levais contre la déesse pour l'obliger à se rendre. Elle me fit mordre la poussière. A coups de châtaignes. Elle avait l'air contente de lancer des marrons dans la tête d'un garçon. Et dire qu'elles espéraient être plus matures à cet âge qu'un garçon. Je demande encore à voir. Elle ressemblait vraiment à une déesse, le Soleil dans le dos et les cheveux dans le vent. Ce genre de beauté qui marque à tout jamais, même chez un enfant de neuf ans, ses genoux écorchés renforçant le contraste et donc, sa beauté. Battu et honteux, je me chargeais de faire la paix.

Elle était forte quand on a joué à Street Fighter. Elle m'a aussi démoli à Sonic. Et à tant d'autres trucs, aussi. Tellement vieux, maintenant, que je serais incapables de les nommer. Mais c'était son obstination qui ressortait le plus, en ces instants. Les traits figés, les yeux bougeant à une vitesse folle pour capter toutes ces informations imaginaires.

Elle s'appelait Manon. Des cheveux châtains et des yeux verts. Je garderai toujours en esprit son visage, celui qu'elle avait quand on s'est rencontré. Le visage d'un ange. La candeur brute de ses traits, la profondeur de son regard. Il n'y avait rien de malsain en elle. Cette rencontre était pure, et je pense que toute ma vie s'est construite autour de celle-ci. Et son sourire, quand elle se retourna vers moi. Je crois que mon cœur a raté plus d'un battement à ce moment. Un sourire si pur, si parfait. J'avais l'impression d'être face à une autre compréhension de la réalité. Celle qui semble complètement rose, qu'on ne voit passer dans ses yeux que très rarement dans sa vie. Je ne savais plus sur quelle planète je me trouvais, je ne me souvenais plus de mon propre prénom. Toute ma vie se retrouvait décollée comme des tuiles après une tempête, révélant mon intérieur le plus profond, le plus secret. Il n'y avait plus de bien, plus de mal. Juste SON sourire. Je pourrais presque faire un exposé sur ce sujet. Et sur son rire, aussi. Cristallin et pur. Jamais hypocrite. Toutes ces années durant. Un rire si profond et si doux. Sa voix suave et enchanteresse, douce comme le miel et l'ambroisie des Dieux.  

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