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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 21:52

Le sol était froid, tout comme l'air ambiant. Je m'étais laissé détruire.

Il n'y avait plus de ciel, plus de terre, je tournais, je ne m'arrêtais plus. Tu sais, cette impression que le sol se dérobe sous tes pieds et que tu tombes. Je voulais toucher le sol, au risque de me tuer. J'ai peur du vide.

Au premier regard, je n'ai pas reconnu l'endroit où je me trouvais. Il m'a fallu une bonne demi-heure pour commencer à rassembler les éléments dans ma tête et les assembler pour donner un semblant de cohérence.

Ce genre d'endroit où les déchets humains comme moi finissent. Ce genre d'endroit où les moins que rien côtoient le néant. Un endroit d'où l'on ne peut fuir, un endroit où la mort est la seule et unique issue.

Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Tellement d'années ont passées. Tu dois avoir une vie, maintenant. Un mari, des gosses, un chien. Ce genre de stéréotype de vie rangée, quoi. Toi, ma rebelle au grand cœur, t'as sûrement finie comme ça, ouais. Ça colle bien avec ton intellect, en fait. Rebelle en surface, mais prudente dans le fond. Je te connais. Et là, tu rougis. Tellement fort qu'on te verrait dans le noir. Je sais qu'au fond de toi, tu regrettes cette vie rangée et aseptisée. Je sais qu'au fond de toi, tu ne désires que moi, tu ne veux que moi pour les longues nuits d'hiver, celles où tu es seule, celles où tu as peur. Car moi seul connais tes peurs. Ce n'est pas de la prétention, juste une constatation. Tu me l'as même répété, maintes et maintes fois, le soir, dans la pénombre.

Je regarde le monde, les Hommes autour de moi, je les méprise. Je les vois s'aimer, se jeter des ponts, des immeubles. Oui, je méprise cette race dont je fais partie. Dont tu fais partie.

Je me souviens de notre rencontre. Cela remonte à bien des années. Des années où mon insouciance et ta rébellion nous ont valus des magnifiques heures et des choses mémorables. Tout cela me manque, Darlin'. C'était aussi une de nos inventions, ça. Ce surnom me trotte dans la tête tous les jours, chaque minute de ma vie, je le vois clignoter, en grosses lettres bleues entourées de spots.

Cette rencontre compte parmi les plus belles et les plus destructrices que j'ai pu faire pendant cette vie misérable. Je ne saurais la replacer dans une année précise, mais je me souviens d'un jour, entre l'été et l'automne, vraisemblablement en Septembre. Mon Septembre à moi n'était pas rose, comme l'aurait dit Thiéfaine, mais plus dans les tons mauves, tirant sur le noir, même, parfois.

Cette impression que tout va mal, que tout tombe en pièces, que le temps ne te laisse plus que les miettes. Les miettes d'une vie vraisemblablement idyllique. Ce genre de moments où tes rêves explosent. Simplement. Et là, tu es arrivée. Écrire ton prénom me briserait le cœur, excuse-moi cette faiblesse d'homme pitoyable. Je ne suis même plus capable de voir les choses en face. Quand l'ai-je été, d'ailleurs ? Peut-être jamais. Tu aurais dit le contraire, il y a des années de cela. Mais plus maintenant, maintenant que tu as ta vie parfaite.

Notre rencontre, en Septembre. Un seul regard, cette sensation que je n'aimerai plus que toi. A tout jamais. Ton visage, ton sourire, tes yeux. Tout. Tout chez toi m'envoyait sur une autre planète, dans une autre galaxie. Tu m'as littéralement happée dans une spirale, qui, par la suite, allait devenir bien plus infernale et interminable que ce que je croyais. Je te voyais, idole de marbre, posée sur un pied de jade. Idole de feu posée sur un lac. Magnifique.

Tu m'as tant apporté. Tellement que je ne saurais te le rendre. Je ne veux pas te le rendre. J'ai déjà assez donné, assez subi comme ça.

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