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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 16:29

 Il était là, debout, se sentant si petit dans ce monde si grand.

Un monde qui le contrôlait, mais qui ne se souciait pas de lui. Qui ne se souciait pas des ses envies, de ses rêves, de ses maux.

Il semblait vieux. Il était jeune, accablé par les malheurs du monde alentour. Il voulait s’échapper, pour ne plus souffrir et ne plus faire souffrir son entourage. Sa compagne, ses amis, sa famille.

Il avait des cheveux gris dans sa chevelure brune lui retombant en boucles épaisses sur les épaules. Une barbe, relativement longue, le vieillissait encore plus. Il se courbait de plus en plus, pour marquer sa soumission à son patron, à sa femme, au monde. Il s’habillait parce qu’il devait le faire, il mettait de l’after-shave car cela fait plus "homme de société".

Mais lui, déteste la société, déteste le gouvernement. Il veut partir. Il n’a rien à prouver à personne. Rien à personne. Le néant. Comme sa misérable vie, qu’il passe misérablement.

Le Trou sans fond se profile. Noir, tapi dans l’ombre, attendant la chute pour le cueillir dans sa gueule béante.

Certaines fois, il prie Luaine, la femme qu’il a aimé, pour lui dire de revenir. Mais on ne fait pas revenir les morts. Luaine était belle, de taille moyenne, le teint pâle comme la pleine Lune. Cela contrastait avec sa chevelure rouge feu. Elle aimait se faire appeler Janice, quand elle mettait un bandeau dans ses cheveux et des lunettes rondes, avec des verres roses. "Pour voir la vie en rose, mets mes lunettes, Jimi". Elle l’appelait Jimi car ils formaient un couple improbable, comme Janice Joplin et Jimi Hendrix. En réalité, Jimi s’appelle Ailill, ce qui signifie Fantôme en Irlandais. Il comprend la signification de son prénom et ne désire pas l’avoir en tête constamment.

Lorsque Echtach, celui qui donne la mort, vient le chercher, il prend peur. Echatch, c’est le nom qu’il a donné au trou sans fond. Echtach, c’est celui qui a emmené Luaine lorsqu’ils étaient heureux. Pour lui, Echtach est synonyme de perdition, d’oubli, de mort.

Lorsqu’il prend peur, il se réfugie sous la douche. Il la laisse couler, à trente-cinq degrés. Celle-ci lisse ses boucles, les défait comme on défait un flot. Il ferme les yeux. Entend Down In a Hole, d’Alice in Chains, version acoustique et magique d’un groupe qui l’est tout autant à ses yeux. "Down in a hole, loosin’ my soul. Down in a hole, feelin’ so small. Down in a hole, loosin’ my soul. Down in a hole, out of control.". Cette chanson lui rappelle Luaine, la femme qu’il a aimé, la seule qu’il ait jamais aimé. Quand ils s’asseyaient, tous deux, dans le noir, enlacés, restant dans cette position pendant plusieurs heures, s’endormant parfois, il se sentait heureux, comblé, content.

A côté d’elle, Charlotte fait tache. Une grosse, énorme tache sur l’écran de sa vie. Elle veut tout contrôler, ne se soucie que de ses désirs, ne veut pas l’entendre parler, mais elle, elle braille à longueur de temps, et ça exaspère Ailill. Il est prêt à claquer cette "femme" pour qu’elle la ferme, une fois pour toute ! Non, il ne désire pas aller jusqu’au meurtre. Allez au tribunal pour ça… Il a bien plus important à faire, comme éviter Le Trou. Charlotte… Dire qu’il croyait qu’elle pouvait compenser le départ de Luaine, le rendre heureux, se soucier de lui, qu’ils pourraient regarder dans la même direction. Mais non. Lui regarde vers le passé. Elle, a le regard placide et vide. Pourtant, quand il l’a rencontré, elle était belle, elle avait de magnifiques yeux noisettes, mais qui ne concurrenceraient jamais les iris bleu ciel de Luaine. Ses cheveux avaient subis maintes et maintes transformations, il ne supportait plus leur vue, ils étaient secs, ayant perdus leur éclat d’origine. Elle porte un châle depuis qu’il lui a fait remarquer. Lorsqu’ils se sont mariés, il avait appris que la famille de Charlotte était opposée à leur mariage. Il ne savait pas, il ne sait toujours pas et ne saura jamais pourquoi. Et ça lui va mieux ainsi.

Parfois, il commence à somnoler sous le jet de la douche et rêve. Il rêve d’un monde meilleur où il rejoindrait Luaine. Il rêve d’un monde de douceur et de bien-être. Il rêve d’un monde où les gens vivent heureux. Il rêve de Luaine, les larmes se mélangent avec l’eau dégoulinant le long de sa chevelure, il renverse sa tête, de longs sanglots se créent dans sa gorge, dans son âme. Il s'assoit sur le carrelage de la cabine de douche, ne pense plus qu’à elle, celle qui emplit ses pensées, ses sens, sa vue. Il se revoit, le jour où il l’a demandée en mariage. Il revoit ses larmes de joie, son sourire qui n’en finissait pas. Qui ne finirait jamais. Ils étaient heureux ensemble. Peut-être qu’elle ne lui apportait pas assez de bonheur matériel, mais il s’en fichait.

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